Le care nid d'espions

La Fourche

Club ASAP 09
octobre 2025

Temps de lecture : 3 min

Jean le Neuf est appelé en mission pour libérer le care de ses ennemis. La tâche s'avère compliquée et truffée de pièges. Il sera entravé dans sa mission par Rude Ricotta, Thierry Paquet et Franklin Assis, prêts à tout pour défendre l'architecture de ces "nunuches" qui la menacent.

Mais Jean le Neuf est un profressionnel à qui on ne la fait pas. Le care ça vient des femmes, ricotta a raison. Mais les femmes, nunuches ? Ah ça surement pas ! Enfin... peut être, mais il est persuadé que l'on peut s'en accomoder. Il suffit de savoir leur parler.

Franklin Assis s'interpose. Lui aussi, son agence est truffée de femmes. Lui aussi "sait s'entourer". Là n'est pas le problème. Le care c'est la menace, le béton bienveillant ça coûte trop cher, et en plus c'est trop tendre, pas assez solide !
Il y en a marre des ateliers participatifs de co-design en bois recyclé pour hérissons orphelines et des open-space pour psychanalystes associatifs.
"Je construis une prison circulaire et on m'accuse de fascisme latente. Le care c'est bien beau, mais quand ton immeuble te dit 'je te comprends' avant de s'effondrer, ça fait une belle jambe".

Rude Ricotta lui non plus ne se laissera pas avoir par Jean le Neuf, ex-magna du minimalisme high-tech, reconverti dans le maximalisme émotionnel, il a cru un jour pouvoir s'en sortir en posant une rambarde ergonomique le long des murs d'un projet de maison de retraite. A l'époque on appelait ça juste "penser aux gens", et maintenant c'est une idéologie.
Il lance son meilleur cheval de Troie : la bétonnisation sensible : "Des murs de béton de 80cm, et si ce n'était pas ça l'ultime acte de soin dont un architecte puisse faire preuve ? Le béton après tout c'est ma tendresse. Compressée, elle vous embrasse ; une rampe, carresse ; un faux-plafond, protection ; un chien-assis, lien au contexte ; un patio, commun !"

La bétonnisation sensible, c'est son plan machiavélique pour pervertir le care et enfin le transformer en norme obligatoire rationnelle et réplicable. Une norme qui dans un tour de passe-passe réduirait le care à l'empathie et anéantirait pour de bon tout son potentiel révolutionnaire !
Si l'architecture est un sport de combat, nul doute que nous tenons là notre meilleur champion, il est inégalable ce Ricotta !

Ainsi il proclame : "A l'avenir, tout batiment devra
- avoir une pièce de repli émotionnel pour les visiteureuses sensibles,
- être co-conçu avec un panel de retraité.e.s, d'enfants et d'arbres centenaires
- être réalisé par une équipe d'artisan.e.s comptant à minimum une personne issue des minorités de genre de première ou deuxième génération."

C'est là que Tierry Paquet fait son entrée : "Halte-là ! Cesse tout de suite ces manigances Ricotta ! Je vous interdit de faire alliance, même détournée avec ces américaines ! S'il doit y avoir une norme de la bétonnisation sensible, ce ne sera pas celle du care, so english, mais celle du ménagement bien de chez nous ! Trente ans que je vous le dis ! Pourquoi diable faut-il que cela vienne de la bouche de femmes pour que vous daigniez enfin écouter ?!"

Jean le Neuf senti l'opportunité de faire capoter les plans machiavéliques de Ricotta : "N'écoutez pas ce paquet ! C'est un traitre, ne voyez-vous pas qu'il essaie de vous empêcher toute construction neuve à grands coups conceptuels de ménagement ?"
Les abandonnants à leurs querelles, il ressorti en héros de cette croisade de défense de la femme, enfin légitime à rebaptiser l'ensemble de son oeuvre sous le nouveau terme à la mode : "Architecte officiel du care, mes bâtiments tombent peut-être en ruine de mon vivant, mais j'assure enfin ma postérité !"

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