Une architecture polyphonique ?

Rémi Koumak

Club ASAP 01
mars 2023

Temps de lecture : 6 min

I — Une architecture polyphonique ?

Je suis encore au tout début de ma recherche personnelle, mais je cherche à explorer l’intérêt, les moyens de mise en oeuvre et l’impact qu’aurait une architecture qui exprime diverses histoires par des moyens de “double speak” ou autre “plurilangage”. L’hypothèse étant qu’un environnement habité par une foule dans laquelle chacun peut se rattacher à au moins un des langages, ce sont les gens habitant ces espaces qui jouent le rôle de traducteurs spatiaux. Cet ordre assuré par a proximité relationnelle des acteurs l’habitant et les procédés interactionnels qu’ils enclenchent forme un “pluralisme conciliatoire”

La Ville

La ville est un environnement collectivement partagé, mais n’oeuvre pas pour la collectivité que ce soit dans son fonctionnement ou dans ses symboles. Pourquoi alors lui donner une mission d’homogénéité ou d’unicité lorsqu’elle ressemble plus à un champs de bataille sur lequel on essaie d’asseoir notre vision d’elle? Ma position est qu’il faut reconnaître les différences et les disparités. Il faut les voir comme des opportunités.

Sa perception/sa mémoire

La mémoire et la perception de son environnement sont choses très individuelles et personnelles. Une collectivité représentative serait borgne. Au mieux, on peut séparer les gens en différents petits groupes. (mais comment exactement?) Rossi disant que les permanences sont un passé que nous vivons encore me fait penser à une citation de Bruno Latour (je paraphrase): “Le mort tient le vivant”. Cela rajoute un synchronisme toutes les époques dans cette guerre de représentation... On ne se bat seulement contre nos pairs mais aussi contre nos ancêtres.

L'architecture

Pour Rossi, l’architecture est un aspect d’une réalité plus complexe, mais elle est aussi le fait le plus concret et vérifiable de cette réalité. La polyphonie serait une tentative de réponse à cette hypothèse (que j’accepte). Pour Rossi, les formes ont la capacité de représenter/communiquer une multitude de valeurs, de significations et d’usages. Peut-être, alors, que la représentation superposée d’une diversité d’histoire serait vecteur de libertés et d’opportunités individuelles.

II — Une architecture polyphonique ?

Une posture théorique

Certains, comme moi, ont besoin d’une raison derrière les actions qu’ils entreprennent. L’architecture est alors un véhicule (parmi tant d’autres) ayant le pouvoir d’entraîner le monde vers l’origine de ces raisons. Du moment que l’on accepte le rôle véhiculaire de cette discipline, il serait bien de discuter de direction et de destination non ?

L’intérêt ne naît pas de nul part...

Nos intérêts naissent de nos expériences et de notre environnement. Nos intérêts sont des puces à l'oreille indiquant avenues pouvant potentiellement améliorer la condition du monde qui nous entoure. Nous ne sommes les premiers à s’intéresser à tel ou tel sujet. Quel soulagement! Réjouissons-nous de ces ancêtres qui nous prête l’épaule.

Nous ne serons pas les derniers

Tous comme les ancêtres que nous suivons, nous seront suivis par d’autres se penchant sur les mêmes questions, sur la même mission commune. Pourquoi alors sommes-nous pressés d’atteindre la terre promise, la vérité ? Prenons alors des détours. Nous ne risquons rien à explorer des détours et des impasses. Explorons ce qui nous chante, même en sachant que ça ne mène pas directement au meilleur des mondes

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